Parole de bénévoles – Guy Gouraud

Il fait partie de ceux qui, quelques années après, ont suivi Christian Tessier dans son projet audacieux de créer une épreuve dédiée au contre-la-montre. Guy Gouraud est une des personnalités emblématiques du Chrono des Nations. Aujourd’hui parti du bureau, mais toujours présent pour sa course de cœur, il raconte, en quelques mots, sa passion et ses souvenirs.

Guy, tu as été l’un des premiers à rejoindre Christian Tessier, le créateur du Chrono. Plus de quarante ans ont passé, peux-tu nous raconter comment cela s’est fait ?

Je m’en souviens encore, ça devait être en 1985 ou 1986, juste avant le jour du Chrono. L’épreuve vivait ses premières éditions. Je croise par hasard Christian Tessier dans la rue. Je lui demande simplement si ça se prépare bien. Il me dit que oui, qu’ils ne sont pas beaucoup, mais que ça va. On se quitte là-dessus, je lui souhaite bon courage et je rentre chez moi. A peine arrivé, le téléphone sonne : c’était Christian, me disant qu’il fallait qu’on se voie. Et c’est comme ça que ça a commencé.

S’en sont suivies de nombreuses années à faire grandir l’épreuve…

Mon aventure avec le Chrono a duré 37 ans. Au tout début, j’aidais Christian du mieux que je pouvais, on était moins qu’aujourd’hui. Il y a quelques années, quand j’ai vu que les jeunes se débrouillaient très bien, je me suis dit qu’il fallait leur faire confiance et passer le témoin. J’ai quitté le bureau en 2023. Je n’allais pas attendre d’avoir 80 ans pour partir.

Que penses-tu de l’évolution du Chrono ?

Ça me fait plaisir de voir l’épreuve évoluer ainsi. Je suis content que les jeunes prennent le relais, ils s’en sortent très bien. Je verrais bien le Chrono passer encore un cap. Tout comme la Foire, d’ailleurs. Soyons clairs, s’il n’y avait pas la Foire, il n’y aurait pas de Chrono. Forcément, on est contents de voir chaque année autant de monde déambuler dans les allées.

« Un jeune, quand il vient en cadet, il revient toujours une fois qu’il est pro »

Ce qui fait la particularité de cette course, c’est aussi que les jeunes bénéficient des mêmes conditions que les pros…

Le gros point fort du Chrono, on le connaît maintenant : un jeune, quand il vient en cadet, s’il aime cet effort si particulier qu’est le contre-la-montre, il revient toujours une fois qu’il est pro. Et c’est une immense force pour l’épreuve. Les coureurs reviennent parce qu’ils se souviennent que niveau sécurité, c’était pas mal, que l’accueil était plutôt chaleureux…

Et puis, à 16-17 ans, on leur donne l’opportunité de rouler comme les pros. Pour un cadet, une cadette, s’élancer sur la même rampe de lancement que les champions, c’est énorme. Ils s’en souviennent toute leur vie. J’aime bien voir le visage des jeunes herbretais qui prennent chaque année le départ : à chaque fois, leurs yeux sont grands ouverts.

De nombreux champions se sont succédé aux Herbiers. Est-ce qu’il y a des histoires qui te reviennent en tête ?

On a toujours eu d’excellents rouleurs au départ, il y a eu beaucoup de champions à venir ici. Je garde de bons souvenirs de pratiquement toutes les éditions. Mais je me rappellerais toujours du jour où le père de Remco Evenepoel m’a appelé pour que son fils revienne au Chrono. Il était déjà venu quand il était junior. Il m’a donc contacté à nouveau en 2021, pour participer à l’épreuve. On était à une semaine de l’événement. Quand on reçoit un coup de fil comme ça, on est toujours content.

« Il était déjà double champion du monde, mais ce geste l’avait marqué »

Le Chrono a longtemps été la seule épreuve française à laquelle Evenepoel a participé, avant l’an passé…

Il y a quelque chose qui avait marqué Remco et sa famille, quand ils sont venus pour la première fois en 2018. C’est ce qui s’est passé le soir du Chrono. Ils étaient restés pour la soirée des bénévoles. Ce soir-là, tout le monde s’était levé pour lui. Il était déjà double champion du monde, mais ce geste l’avait marqué, lui et ses parents. C’est toujours de bons moments quand les champions restent au repas. Je me souviens que l’année suivante, Primoz Roglic était présent à cette soirée. Je me rappelle d’une autre histoire avec Christopher Froome. Lui aussi était resté après la course, en 2012. Ça avait été quelque chose. L’année d’après, il gagnait le premier de ses quatre Tours de France. C’est à chaque fois une belle récompense pour l’ensemble des bénévoles.

La soirée des bénévoles, le dimanche soir, est une tradition importante pour l’organisation. Tu confirmes ?

Si tu veux des bénévoles, il faut les respecter et savoir les remercier. C’est Christian Tessier qui avait lancé cette idée de partager un repas tous ensemble, après l’épreuve. Aujourd’hui, tout le monde vient en famille. On organise également un repas après l’assemblée générale. C’est convivial.

Cette année, il y aura le championnat de France. On m’a demandé si je voulais bien être le responsable des bénévoles. J’aime le contact humain, j’aime le lien qui se crée sur ce genre d’événement, et j’aime m’occuper des bénévoles. Alors j’ai dit oui. Au mois de juin, on sera 600, c’est énorme. Ce sera ma dernière grosse mission. Mais je serai toujours là pour donner un petit coup de main au Chrono, en cas de besoin.

Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite, Guy ?

La santé (rires) ! D’abord la santé, après, le reste… Et puis, j’aimerais bien que la bonne ambiance perdure. L’an dernier au Chrono, une bande de jeunes de l’orga est venue m’embêter chez moi. Ça se taquine, ça se fait des blagues…J’aime bien cet esprit. Que ça dure !